PARIS — Les révolutions technologiques ont changé la donne pour les chômeurs: de plus en plus nombreux à avoir adopté internet dans leurs recherches d’emplois, ils passent progressivement aux réseaux sociaux, applications dédiées pour téléphones portables et bientôt pour tablettes.
Il a fallu moins d’une heure à Louis, 19 ans, étudiant, pour trouver un job en se connectant au site d’une chaîne de restauration rapide.
“Trois quarts d’heure après avoir posté mon CV en ligne, la chaîne m’a appelé et fixé rendez-vous l’après-midi même”, raconte-t-il. “Je n’ai pas eu courir les rues pour déposer des CV”.
“Internet s’est imposé comme l’outil privilégié pour trouver un emploi”, souligne un rapport du cabinet McKinsey.
En 2007, “près de 96% des personnes interrogées le considéraient comme le moyen de recherche le plus efficace. Plus de 28% des candidats fraîchement diplômés étaient recrutés via une annonce publiée sur Internet”, selon McKinsey.
Entreprises et services de l’emploi ont pris le tournant.
“Sur le site de Pôle emploi, on peut créer son espace, diffuser son ou ses CV, visibles anonymement par les entreprises, créer des abonnements à des critères de recherche, recevoir les offres d’emploi correspondant à ces critères, par courriel ou sms”, explique Muriel Prince, conseillère référente à Nanterre.
Aujourd’hui, 40% des demandeurs d’emploi s’inscrivent en ligne au service public, déposant souvent en même temps demande d’allocations et projet personnalisé d’accès à l’emploi, gain de temps important pour le premier entretien, indique-t-on à la direction Multicanal de Pôle emploi.
“Il a fallu quelques années pour réaliser que l’internet était un média”, mais le cap a été franchi, “les règles du jeu ont changé”, même “drastiquement” avec l’arrivée du web 2.0, commente Philippe Torres, directeur des études et du conseil de l’Atelier BNP Paribas.
Internet première mouture “était un réseau qui reliait des documents. Le web 2.0 relie les hommes. Web et mobiles sont devenus des vecteurs de recrutement en temps réel, massivement personnalisés et interactifs”, explique-t-il.
Apparus au milieu des années 2000, les services mobiles “emploi” se résumaient à des alertes par SMS. Aujourd’hui, le mobile est devenu interactif et héberge des “salons du recrutement virtuel”, comme celui organisé l’an dernier par Job2day.fr.
“C’est la deuxième révolution: internet sort du PC”, souligne Sophie Ak, directrice marketing adjointe de Cadremploi, Keljob, CadresOnlines, du groupe Figaro Classified qui réalise désormais 80% de son chiffre d’affaires sur le web (60% sur l’emploi seul).
“On assiste à une démocratisation en accéléré du mobile”, “beaucoup plus rapide” que celle de l’internet, plutôt réservé à ses débuts aux catégories socio-professionnelles supérieures, masculines et urbaines.
Seuls 15% des internautes sont des mobinautes, mais le taux de renouvellement des portables est si court (23 mois) et le succès des smartphones tel, qu’il est urgent d’anticiper les évolutions.
En août, Cadremploi a lancé son application iPhone, suivie d’une application pour Androïd. Keljob s’est mis à l’heure mobile en décembre.
Résultat: 170.000 téléchargements pour Cadremploi, 70.000 pour Keljob, et déjà une nouvelle version pour Cadremploi, à la demande des mobinautes, permettant, outre la consultation, de postuler depuis le mobile.
Une autre révolution vient des réseaux sociaux, comme LinkedIn et Viadeo, “bases de données monstrueuses” susceptibles de pousser les services d’emploi à repenser leur métier, alors que “le CV leur échappe”, souligne Torres.